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A Genève et à Lausanne, le vélo est encore à la traîne

Dans les villes romandes, les aménagements en faveur des deux-roues avancent encore plus lentement qu'outre-Sarine. Moins de 6% des usagers de la route sont des cyclistes, et le potentiel de développement reste important

Des cycliste sur les rives du Léman, à Lausanne en novembre 2017. — © KEYSTONE/Laurent Gillieron
Des cycliste sur les rives du Léman, à Lausanne en novembre 2017. — © KEYSTONE/Laurent Gillieron

Les sondages réalisés par Pro Velo placent systématiquement Lausanne et Genève en fin de classement des villes suisses les plus accueillantes pour la petite reine. Manque d’aménagements, stationnement insuffisant, sécurité défaillante, vols fréquents: différents facteurs expliquent ces mauvais résultats. A quoi s’ajoute une volonté politique encore timide pour considérer le vélo comme un mode de transport à part entière.

L'interview de Derek Christie, spécialiste de la mobilité:  «Les villes sont d’abord conçues pour la voiture, non pour les cyclistes»

A Genève, les cyclistes ne bénéficient pas d’un état de grâce. Pierre Maudet, conseiller d’Etat chargé de la sécurité, l’a rappelé récemment, en déclarant vouloir discipliner ce «groupe spécialement problématique» aux «comportements téméraires» en les dotant de plaques d’immatriculation.

On rajoute des pistes cyclables par-ci par-là, où cela gêne le moins, plutôt que de penser le réseau de manière continue

Thibault Schneeberger, cosecrétaire romand de l’association actif-trafiC

En ville, les voies réservées exclusivement aux vélos couvrent environ 29% du réseau routier. Malgré des années de tractations et de multiples tentatives avortées, il n’existe toujours pas de réseau public de vélos en libre-service. Selon les statistiques de l’OFROU, 69 blessés graves à vélo ont été répertoriés en 2017. C'est 8 de plus qu’en 2016.

Coupures dangereuses

Pour Thibault Schneeberger, cosecrétaire romand de l’association actif-trafiC, la logique du «coup par coup» continue de prévaloir. «On rajoute des pistes cyclables par-ci par-là, où cela gêne le moins, plutôt que de penser le réseau de manière continue», déplore-t-il. Problème: les chaînons manquants. «Lorsqu’une piste cyclable s’arrête de manière abrupte et contraint le cycliste à rouler 500 m à côté des camions, c’est dangereux, mais aussi décourageant.»

A Genève, seuls 5 à 6% des usagers de la route circulent à vélo: «Le potentiel de développement est énorme.» Spécificité genevoise, l'Etat (ancré à droite) a plus de pouvoir que la Ville (de gauche) en matière de mobilité. «Tributaires d’un clivage politique, les initiatives en faveur de la mobilité douce se heurtent souvent à l’écueil de la majorité bourgeoise», note Thibault Schneeberger.

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Accusé d’avoir concentré ses efforts sur les motos et les scooters, le ministre genevois de la Mobilité, Luc Barthassat, réfute: «Le département a favorisé tous les modes de transports y compris le vélo. Près de 50 kilomètres de nouvelles pistes et voies cyclables ont été créées, à quoi s’ajoutera la future Voie verte du CEVA. L’offre de stationnement a elle aussi augmenté de 5% chaque année pour atteindre 23 000 places en 2017.» Au total, le PDC revendique l’obtention de plus de 30 millions de francs en faveur de la mobilité douce.

Le manque de coordination entre canton et communes et le manque de continuité dans les aménagements restent problématiques

Zoé Dardel, présidente de Pro Velo Lausanne

A Lausanne, la municipale socialiste Florence Germond mise sur des politiques incitatives pour opérer un transfert de la voiture au vélo. A son actif, un crédit de 3,2 millions pour la sécurisation des itinéraires cyclables et 6 millions supplémentaires pour des aménagements du type passerelle ou ascenseur, adaptés à la topographie de la ville, pour piétons et cyclistes. «A l’horizon 2021, une voie verte traversera l’agglomération d’est en ouest le long des rails CFF», ajoute la magistrate.

«Efforts conséquents»

«La Ville de Lausanne a fourni des efforts conséquents», reconnaît Léonore Porchet, membre d’actif-trafiC qui a récemment salué les aménagements de contresens cyclables dans le quartier de l’avenue de France. Avec ses 60,7 km de pistes cyclables, Lausanne est le bon élève de la région, mais les communes environnantes sont moins bien loties.

«La Municipalité va dans le bon sens, mais il faut accélérer le rythme, pondère Zoé Dardel, présidente de Pro Velo Lausanne. Le manque de coordination entre canton et communes et le manque de continuité dans les aménagements restent problématiques. Au fond, le vélo, on trouve ça sympa, mais on n’y croit pas vraiment…»

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