Epidémiologie. La septième pandémie de choléra, infection intestinale aiguë dont on estime qu’elle cause, en moyenne, environ 95 000 décès par an, dure depuis 1961. Pour réduire la mortalité de 90 % d’ici à 2030, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise notamment un meilleur traitement de l’eau potable, une amélioration de l’hygiène ou encore l’administration de vaccins anticholériques oraux. Des mesures appliquées à grande échelle, mais aussi parfois de façon plus localisée par les autorités de santé des 69 pays où la maladie est endémique.
Les stratégies massives se heurtent en effet à deux obstacles : d’abord leur coût, ensuite le temps nécessaire à leur mise en œuvre. Des actions beaucoup plus ciblées semblent tout indiquées, mais aucune évaluation de leur efficacité n’existait jusqu’à présent. Un manque que viennent de pallier les travaux de modélisation mathématique d’une équipe de chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), publiés le 27 février dans la revue PLOS Medicine.
Deux modes d’action
A l’aide des données issues de l’épidémie survenue en 2011 au Tchad, ces chercheurs du Laboratoire d’écohydrologie de l’EPFL ont créé un modèle inédit, fondé non seulement sur la courbe épidémique de la maladie mais aussi sur la répartition spatio-temporelle de ses foyers. « Ce modèle à très haute résolution prend en compte la structure spatiale d’une épidémie urbaine. Nos autres modèles ont toujours été appliqués à l’échelle d’un pays, avec ses subdivisions administratives comme unités spatiales », explique Flavio Finger, chercheur en modélisation épidémiologique et auteur principal de l’étude, conduite en étroite collaboration avec Andrew Azman, épidémiologiste en maladies infectieuses à l’université Johns-Hopkins de Baltimore (Etats-Unis). Ce dernier est également membre du Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra, un réseau de spécialistes géré par l’OMS.
Les résultats de la modélisation ont permis de démontrer, chiffres à l’appui, l’efficacité d’une lutte locale. Exemple frappant : l’administration du vaccin anticholérique dans un rayon de seulement 100 mètres autour des premiers foyers permet de réduire de 68 % la durée de l’épidémie et de diminuer de 81 % le nombre de malades par rapport à une épidémie non contrôlée. « La mise en place d’une intervention d’ampleur prend du temps. Des interventions à plus petite échelle, ciblées, et plus rapides à implémenter, pourraient aider à agir sur une épidémie naissante ou sur la fin d’une grande épidémie », assure Flavio Finger.
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