Le Montreux Jazz Heritage Lab2 pour revivre le Montreux Jazz Festival

© 2016 EPFL + ECAL lab / Joel Tettamanti

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Le Montreux Heritage Lab2 permettra bientôt au public de s’immerger dans les quelques 6000 heures d’archives du Montreux Jazz Festival, grâce au soutien d’Audemars Piguet. L’installation immersive qui résulte d’un programme de recherche entre design, architecture et technologie a été dévoilée lundi 4 juillet sur le lieu de sa construction, à l’EPFL+ECAL Lab.


Comment redonner vie aux patrimoines désormais disponibles sur des supports numériques, comment font-ils évoluer notre perception du passé, quelles nouvelles perspectives culturelles ouvrent-ils ? L’EPFL + ECAL Lab, le Metamedia Center et le laboratoire ALICE ont répondu à ces questions au cours d’un projet de recherche interdisciplinaire. Le fruit de leurs recherches prend corps dans une installation immersive, le Montreux Jazz Heritage Lab2.

Cette installation s’appuie sur le travail entamé lorsqu’Audemars Piguet, Montreux Sounds et l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) ont uni leurs forces dans le but de numériser, restaurer et préserver les précieuses archives du Montreux Jazz Festival fondé par Claude Nobs il y a exactement 50 ans. Une collection s’élevant à plusieurs milliers d’heures d’enregistrements des meilleurs musiciens de la planète est alors devenue la première bibliothèque audiovisuelle à être inscrite au registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO, en vue de protéger ce fabuleux héritage. « L’œuvre de Claude Nobs a inspiré ce projet. C’était un ami fidèle et nous sommes donc ravis de prendre part à cette initiative. Nous sommes fiers de nous joindre à un effort technologique colossal afin de transformer cet héritage unique en une ressource numérique de premier ordre pour les générations à venir. » commente Olivier Audemars, Vice-Président du Conseil d’Administration d’Audemars Piguet.

Entreprise en 2008, la numérisation des archives du Montreux Jazz Festival est pratiquement achevée, assurant ainsi la pérennité d’un patrimoine enregistré au fil des ans dans de multiples formats. «Toutes les bandes masters d’origine auront été numérisées à la fin de l’année. On peut désormais s’appuyer sur ce patrimoine pour de multiples valorisations», relève Alain Dufaux, directeur opérationnel du Metamedia Center. En huit ans, plus de 11’000 heures d’enregistrements vidéo (dont des enregistrements en haute définition dès 1991!) et 6’000 heures d’enregistrements audio haute-qualité ont été digitalisées et répertoriées de manière détaillée dans une base de données. Tous les enregistrements sont conservés dans des formats digitaux non compressés, utilisant les technologies les plus récentes. Depuis 2010, plusieurs projets de valorisation ont été menés à l’EPFL, impliquant plus d’une dizaine de laboratoires, en utilisant cette collection unique comme une base de données pour les chercheurs.

Un patrimoine vivant
Les recherches menées par l’EPFL+ECAL Lab, centre de recherche en design de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne en étroite collaboration avec le l’Atelier de la conception de l’espace (ALICE) de la même école proposent une nouvelle vision de ce patrimoine numérisé. L’approche vise à créer une expérience spécifique pour une archive numérisée, au lieu de reconstituer le passé. « L’expérience du concert original, c’est le décor du Léman et des montagnes, l’ambiance générée par plusieurs milliers de personnes, les surprises de la prestation artistique et surtout le fait d’être face aux musiciens en chair et en os. Et ça, on ne peut pas le recréer. Il faut donc tirer parti des avantages qu’offre le numérique pour créer une autre expérience, complémentaire», affirme Nicolas Henchoz, responsable du projet. Une première installation, destinée à une consultation plus intime, avait vu le jour en 2012, primée l’année suivante au Design Preis Schweiz.

La nouvelle installation, baptisée Montreux Heritage Lab2, sera ouverte au public dans le futur Montreux Jazz Café de l’EPFL dès novembre. Elle inclut la visualisation d’une grande partie des archives, la capacité d’accueillir 20 personnes et une sensation d’immersion beaucoup plus forte.

Trois principes ont guidé l’EPFL dans cette recherche : en premier lieu, la volonté de placer l’effort au service du contenu et de sa valeur culturelle. La prise de vue figurant dans les archives est placée au centre du dispositif, intacte et dominante, sur un écran doté d’une géométrie sophistiquée qui donne une impression de proximité et de profondeur avec la scène. Ensuite le son, composante majeure pour une bonne immersion, orchestré en ‘3D audio’ par les start-up Audioborn et Illusonic (toutes deux lancées par d’anciens membres du Laboratoire de Communication Audiovisuelle, LCAV), avec l’aide du groupe Acoustique d’Hervé Lissek (LTS2) et l’entreprise yverdonnoise Relec et ses hauts-parleurs PSI-Audio de haute précision. L’expérience tire avant tout parti de l’essence même de cette archive, l’image et la musique. L’immersion est renforcée par les parois latérales de l’espace, qui reflètent l’image par des miroirs et affichent de l’information et des visuels grâce à une trame de LED. Des anecdotes révélatrices de l’histoire du festival complètent l’expérience en jouant sur les différents écrans. La conception architecturale permettra à l’installation de rayonner en direction de la salle du Montreux Jazz Café, juste à côté, et le soir, vers la place centrale de l’EPFL.

Enfin, le système de navigation, conçu spécifiquement pour l’installation, contribue à créer une perception globale de l’archive à l’intérieur de laquelle plus de 44'000 morceaux sont à portée de doigts.

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Ce travail a été rendu possible grâce au soutien essentiel d’Audemars Piguet, dès le début du travail de numérisation des archives. Ainsi que celui de de la Loterie Romande et de la Fondation Ernest Göhner. Des partenaires technologiques se sont également associé à ce projet, qui démontre ainsi sa capacité à stimuler l’innovation.


Auteur: Corinne Feuz

Source: EPFL


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© 2016 EPFL / Joel Tettamanti
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