Sentir son drone grâce à un joystick à retour tactile

Timothée Peter, Benjamin Bonnal et Arthur Gay, trois des cofondateurs de MotionPilot© 2018 Alain Herzog

Timothée Peter, Benjamin Bonnal et Arthur Gay, trois des cofondateurs de MotionPilot© 2018 Alain Herzog

Plus intuitif que les télécommandes habituelles, le joystick développé par la start up MotionPilot permet de piloter un drone d’une seule main, de manière intuitive. Le prototype a convaincu des connaisseurs et la commercialisation pourrait démarrer rapidement. Dotée d’un manche à retour tactile, une version de ce dispositif donne même à l’utilisateur des indications sur sa position dans l’air.


Surveillance agricole, prises de vues, loisirs, courses… l’utilisation des drones s’est diversifiée bien plus rapidement que la manière de les piloter. Écran de smartphone ou manette, le principe reste le même depuis l’apparition des premiers drones voici bientôt 50 ans: un pouce sur les gaz pour régler l’altitude et la direction, l’autre pour l’inclinaison selon les deux axes. Or faire décoller, stabiliser ou encore poser un drone avec ce système est plus ardu qu’il n’y paraît. «Nous avons remarqué que de nombreuses personnes avaient de la peine à prendre le contrôle de leur drone pendant les premières heures de pilotage», souligne Timothée Peter, l’un des quatre cofondateurs de la start up MotionPilot.

Le joystick, que ces étudiants en dernière année de Master en microtechnique à l’EPFL ont mis au point, rassemble les commandes pour un pilotage intuitif et fluide. Tenu dans une seule main, il suffit de l’incliner pour diriger le drone alors qu’une gâchette manipulable avec l’index gère l’altitude. «Cette manière de piloter permet aux débutants de commencer à voler tout de suite avec plaisir», estime Julien Perroud, pilote expérimenté et membre du comité d’Aeropoly, association qui vise à promouvoir les sports aéronautiques sur le campus.

Plusieurs niveaux de pilotage

Possédant trois niveaux de compétences, le dispositif est cependant également destiné à des utilisateurs plus aguerris. «Avec le mode de pilotage débutant, le système prend en charge la trajectoire effectuée par le drone afin de faciliter au maximum l’apprentissage», souligne Timothée Peter. Les deux niveaux supérieurs laissent davantage de liberté et de possibilités au pilote. Le mode de vol peut être sélectionné depuis une app sur mobile.

Agréablement surpris par les possibilités du second niveau, qu’il a testé, Julien Perroud se dit même épaté de voir les acrobaties possibles. «Le passage de la télécommande traditionnelle au joystick est aisé et ce dernier permet d’oublier qu’on pilote tellement c’est instinctif. Une belle découverte. Je suis curieux de découvrir tout le potentiel qu'ils pourront tirer de ce nouveau design tout en maintenant la pluripotence d'une télécommande "standard"» .

Donner au drone le sens du toucher

Les jeunes entrepreneurs n’ont pas attendu d’avoir leur diplôme en poche pour mettre en pratique leur savoir et se rapprocher de leurs ambitions: révolutionner le rapport entre l’humain et le drone. Pour s’immerger davantage dans le vol, il manquait au drone le sens du toucher. MotionPilot le lui a donné. La start up développe dans son joystick un feedback haptique intégré dans le manche. Une manière de procurer aux utilisateurs davantage de sensations et d’expériences.

Si l’idée du joystick pour piloter un drone est également développée par quelques autres spécialistes, avec une technologie complètement différente cependant, MotionPilot est la première à intégrer ce retour tactile. Grâce à différents capteurs situés sur le drone, sa position en l’air ainsi que les forces qu’il subit sont transmises au système tactile du manche. Le pilote, d’autant plus s’il est équipé de lunettes de vol en immersion (FPV), ressent ainsi la sensation de faire corps avec l’engin. Une première que ces entrepreneurs de moins de 25 ans, forts de leurs talents complémentaires, ont patiemment pensée, élaborée, dessinée et fabriquée et dont ils ne souhaitent pas davantage dévoiler les secrets de fabrication pour l’instant.

Récompensés par diverses aides à l’entrepreneuriat telles que Venture Kick, le premier prix du concours START ou encore le European Student Start up, les entrepreneurs en herbe ont d’ores et déjà confronté leurs idées à l’expertise de nombreux professionnels. Leur objectif est maintenant de passer à la commercialisation d’un kit prêt à l’emploi composé de leur joystick, d’un drone, et de lunettes FPV pour un vol en complète immersion. En négociations avec des fabricants de drones, Timothée Peter projette une sortie sur le marché, sans le retour tactile dans un premier temps, avant la fin de l’année.