En Colombie pour assainir l'eau et développer des douches écologiques

Marisa Boller et Jean-André Davy--Guidicelli sur le campus de la ville de Cali. © EPFL

Marisa Boller et Jean-André Davy--Guidicelli sur le campus de la ville de Cali. © EPFL

Deux étudiants de l’EPFL ont choisi la Colombie pour effectuer leur stage de master en sciences et ingénierie de l’environnement. Durant quatre mois, ils y rempliront une double mission qu’ils relateront sur le blog EPFL Out There.

Depuis mi-octobre, Marisa Boller et Jean-André Davy--Guidicelli effectuent leur stage de master en sciences et ingénierie de l’environnement dans la ville de Cali, près de la côte Ouest colombienne. Encadrés par des chercheurs de l’Université del Valle et, à l'EPFL, par le professeur Christof Holliger, les étudiants mèneront de front deux missions scientifiques jusqu’en février 2019 à découvrir sur le blog EPFL Out There:

#MasterInternshipCali (Colombia)

La première prend place à l’Institut CINARA de l’université, un institut spécialisé dans le traitement et l’approvisionnement de l’eau. Leur cas d’étude concerne les habitants de la commune de Mondomo, à 70 kilomètres de la ville de Cali. Ce petit village possède une station d’épuration innovante et performante développée en 1996 par l’institut CINARA grâce à des fonds européens à la suite d’un tremblement de terre qui avait emporté les installations préexistantes.

Les étudiants devront rechercher un traitement efficace pour filtrer les traces de cyanure dans l’eau, due à une tradition locale, comme l’explique Jean-André Davy—Guidicelli: «Les Colombiens extraient de l’amidon à partir du manioc. Le problème, c’est qu’une fois broyé et filtré, le manioc libère une grande quantité de cyanure qui finit dans les rivières. La station d’épuration de Mondomo offre une bonne qualité d’eau mais n’a pas été équipée pour filtrer le cyanure». Leur recherche visera donc au préalable à analyser en laboratoire la concentration de cyanure dans le manioc, les effluents d’usines et l’eau de surface. L’objectif final étant de sélectionner la technologie la plus adaptée pour traiter ces eaux résiduelles contaminées. Les étudiants envisagent de publier les résultats de leur recherche dans une revue scientifique.

En parallèle de cette étude, Marisa Boller et Jean-André Davy--Guidicelli vont développer un projet plus personnel démarré en 2018 au sein du Student Kreativity and Innovation Laboratory (SKIL) de l’EPFL. Le SKIL, qui se présente comme un fablab, est une initiative de la Faculté de l’Environnement naturel, architectural et construit (ENAC). Ce lieu, inauguré en 2018, permet aux étudiants de concrétiser les projets issus de leur créativité tout en bénéficiant d’un encadrement.

Dans ce contexte, les étudiants ont développé à la fin de leur bachelor le projet ShowerLoop. Cette douche écologique a été imaginée une première fois par un ingénieur finlandais, Jason Selvarajan. Grâce à un circuit d’eau fermé et un traitement de l’eau en temps réel, elle n’utilise que 10 litres d’eau par douche, au lieu de 100, en moyenne.

Après une première adaptation du concept à la Suisse dans le cadre de leur projet mené au SKIL, les étudiants projettent de l’adapter au centre sportif de l’Université del Valle. «Les ShowerLoops installées sur le site universitaire permettront de lutter contre le manque d'eau dont souffre la région», souligne Marisa Boller.

Les étudiants se sont déjà mis en contact avec un fablab de Cali afin de fabriquer trois prototypes dont ils compareront les performances économiques: une ShowerLoop en kit, proposée par son concepteur, Jason Selvarajan, une douche sur-mesure entièrement développée par les étudiants à partir de matériaux colombiens achetés sur place (pommeaux, filtres à charbon actif, filtres ultraviolets, etc.), et, enfin ces mêmes éléments mais sous la forme d’un système autonome, à simplement brancher à une douche existante du centre sportif. Ici aussi, les étudiants envisagent de publier les résultats de leur recherche dans une revue scientifique.