Exploiter les Big Data du passé avec une machine à remonter le temps

© 2019 Notch Communications

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La commission européenne a choisi la Time Machine parmi les six propositions retenues pour préparer des initiatives de recherche à grande échelle qui seront développées au cours de la prochaine décennie. Un financement de 1 million d’euros a été octroyé pour préparer les roadmaps détaillées de cette initiative qui vise à extraire et utiliser les Big data du passé.

Le projet Time Machine prévoit de concevoir et d’implémenter des technologies avancées de numérisation et d’intelligence artificielle (IA) afin d’exploiter le vaste héritage culturel de l’Europe en fournissant un accès équitable et gratuit à l’information qui soutiendra les futurs développements scientifiques et technologiques en Europe.

L’un des systèmes d’intelligence artificielle les plus sophistiqués jamais créé

Le projet Time Machine créera des technologies d’IA avancées afin de comprendre la masse considérable d’informations issues d’ensembles de données historiques complexes. Ceci permettra la transformation de données fragmentées – dont le contenu va de manuscrits médiévaux et d’objets historiques au smartphone et aux images satellite – en connaissances utilisables par l’industrie. En résumé, une infrastructure informatique et de numérisation à grande échelle fera une cartographie exhaustive de l’évolution sociale, culturelle et géographique de l’Europe. Au vu de l’ampleur inégalée et de la complexité des données, l’IA de la Time Machine a même le potentiel de fournir à l’Europe un avantage fortement compétitif dans la course mondiale à l’intelligence artificielle.

«Le projet Time Machine est susceptible de devenir l’un des systèmes d’intelligence artificielle les plus avancés jamais créé, exploitant les données d’horizons géographiques et temporels plus larges», explique Frédéric Kaplan, professeur en humanités digitales à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) et coordinateur du projet Time Machine.

L’héritage culturel, une précieuse richesse économique

L’héritage culturel est l’une des richesses les plus précieuses, et le programme Time Machine de recherche et d’innovation sur dix ans souhaite montrer que l’investissement en faveur de l’héritage culturel, plutôt que d’être un coût, dynamisera l’économie de manière importante et dans tous les secteurs. La source inépuisable de nouvelles connaissances sera un moteur économique, faisant naître de nouvelles professions, de nouveaux services et produits dans des secteurs tels que l’éducation, les industries créatives, l’élaboration des politiques, le tourisme intelligent, la modélisation urbaine et environnementale intelligente. Par exemple, les services visant à comparer les configurations territoriales dans le temps et l’espace deviendront un outil clé pour développer des plans modernes d’aménagement urbain ou du territoire. De même, des professionnels capables de créer et de gérer des expériences désormais possibles, à l’intersection des mondes numérique et physique, transformeront l’industrie touristique. Ces secteurs disposeront d’une plateforme paneuropéenne d’échange de savoir qui ajoutera une nouvelle dimension à leur planification stratégique et capacité d’innovation.

Une nouvelle ère pour les sciences humaines et sociales

Le projet Time Machine va marquer une nouvelle ère pour les sciences humaines et sociales en offrant un accès libre au passé de l’Europe via des données unifiées et de nouveaux services d’IA. Cela donnera aux chercheurs de «super pouvoirs» en révolutionnant leurs capacités individuelles de recherche et en augmentant de manière drastique l’échelle et la portée globales de la recherche en sciences humaines et sociales. Grâce au savoir qui en résultera, cette discipline pourra contribuer efficacement au développement de réponses stratégiques aux défis paneuropéens majeurs tels que la croissance durable, l’aide sociale, la migration et l’intégration de migrants ou, encore, la protection de la démocratie européenne.

Transformer l’enseignement

L’enseignement contribue de manière essentielle au bien-être social et économique en Europe et dans le monde, et le projet Time Machine aidera à le transformer en créant un nouveau secteur dynamique produisant du matériel éducatif numérique basé sur d’importants ensembles de données alignés. Les cours, matériels, simulations et autres expériences numériques favoriseront l’engagement actif à l’égard de notre héritage culturel mixte et rendrons la formation continue plus accessible et solidaire.

Une alliance unique et un réseau de villes

Le projet Time Machine défend une alliance unique d’importantes organisations académiques et de recherche en Europe, d’institutions d’héritage culturel et d’entreprises privées, qui sont parfaitement conscientes du potentiel énorme de la numérisation et des nouvelles voies très prometteuses pour la science, la technologie et l’innovation; nouvelles voies qui pourront être ouvertes grâce au système d’information qui sera développé sur la base de Big Bata du passé. Outre les 33 principales institutions qui seront financées par la Commission européenne, plus de 200 organisations issues de 33 pays participent aux initiatives, dont sept bibliothèques nationales (Autriche, Belgique, France, Israël, Pays-Bas, Espagne, Suisse), 19 archives étatiques (Belgique, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, Allemagne, Hongrie, Lituanie, Malte, Norvège, Pologne, Roumanie, Slovénie, Espagne, Slovaquie, Suède et Suisse), de célèbres musées (Louvre, Rijkmuseum), 95 institutions académiques et de recherche, 30 entreprises européennes et 18 organes gouvernementaux.

Le projet Time Machine est aussi un réseau de villes toujours plus vaste. Le projet repose sur un modèle opérationnel de «franchise» regroupant des universitaires, des organisations d’héritage culturel, des organes gouvernementaux et de grands groupes de bénévoles autour de projets d’intégration spécifiques axés sur les villes. L’engagement de nombreux bénévoles, souvent des citoyens locaux, dans ces initiatives de Time Machine au niveau local constitue un autre élément clé garantissant la pérennité du projet. Au niveau local, des Time Machines sont actuellement en phase de développement à Venise, Amsterdam, Paris, Jérusalem, Budapest, Ratisbonne, Nuremberg, Dresde, Anvers, Gand, Bruges, Naples, Utrecht, Limbourg et dans bien d’autres villes encore. Ces 12 prochains mois, le projet Time Machine devrait devenir une grande communauté de communautés se partageant une plateforme standardisée, avec des outils rendant plus performant.

Contexte

Au début de l’année 2016, la Commission européenne a tenu une consultation publique de la communauté de recherche pour recueillir des idées sur les défis scientifiques et technologiques que les prochains flagships du programme FET (Technologies futures et émergentes) pourraient relever. Fin 2016, M. Oettinger, membre de la Commission, a animé une table ronde avec les hauts représentants des Etats membres, du secteur industriel et du milieu académique. Ils se sont mis d’accord sur trois domaines majeurs où les flagships du programme FET pourraient relever les défis de la grande science prometteuse et de la technologie: «ICT et société connectée», «Santé et sciences de la vie» et «Energie, environnement et changement climatique». Ainsi, un appel à actions préparatoires pour les futures initiatives de recherche a été lancé en octobre 2017 dans le cadre de Horizon 2020 FET Work Programme 2018. Parmi les 33 propositions soumises, six ont été sélectionnées par des experts indépendants de très haut niveau après une évaluation en deux étapes.

Les 33 institutions recevant une partie de la somme de 1 million d’euros pour développer le projet Time Machine

  1. ECOLE POLYTECHNIQUE FEDERALE DE LAUSANNE
  2. TECHNISCHE UNIVERSITAET WIEN
  3. INTERNATIONAL CENTRE FOR ARCHIVAL RESEARCH
  4. KONINKLIJKE NEDERLANDSE AKADEMIE VAN WETENSCHAPPEN
  5. NAVER FRANCE
  6. UNIVERSITEIT UTRECHT
  7. FRIEDRICH-ALEXANDER-UNIVERSITAET ERLANGEN NUERNBERG
  8. ECOLE NATIONALE DES CHARTES
  9. ALMA MATER STUDIORUM - UNIVERSITÀ DI BOLOGNA
  10. INSTITUT NATIONAL DE L'INFORMATION GEOGRAPHIQUE ET FORESTIERE
  11. UNIVERSITEIT VAN AMSTERDAM
  12. UNIWERSYTET WARSZAWSKI
  13. UNIVERSITE DU LUXEMBOURG
  14. BAR-ILAN UNIVERSITY
  15. UNIVERSITA CA' FOSCARI VENEZIA
  16. UNIVERSITEIT ANTWERPEN
  17. QIDENUS GROUP GMBH
  18. TECHNISCHE UNIVERSITEIT DELFT
  19. CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
  20. STICHTING NEDERLANDS INSTITUUT VOOR BEELD EN GELUID
  21. FIZ KARLSRUHE- LEIBNIZ-INSTITUT FUR INFORMATIONS INFRASTRUKTUR GMBH
  22. FRAUNHOFER GESELLSCHAFT ZUR FOERDERUNG DER ANGEWANDTEN FORSCHUNG E.V.
  23. UNIVERSITEIT GENT
  24. TECHNISCHE UNIVERSITAET DRESDEN
  25. TECHNISCHE UNIVERSITAT DORTMUND
  26. OESTERREICHISCHE NATIONALBIBLIOTHEK
  27. ICONEM
  28. INSTYTUT CHEMII BIOORGANICZNEJ POLSKIEJ AKADEMII NAUK
  29. PICTURAE BV
  30. CENTRE DE VISIÓ PER COMPUTADOR
  31. EUROPEANA FOUNDATION
  32. INDRA
  33. UBISOFT


Auteur: EPFL

Source: EPFL