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Quand la Riviera rêvait de bâtir la modernité

L'exposition permet de confronter les plans de la modernité à sa réalité.

Dans les faits, c'est un peu l'histoire de la maison dans la maison, mais c'est surtout le récit d'une folle épopée architecturale que raconte «Habiter la modernité» à L'Atelier De Grandi à Corseaux. Le cap des années 30 en vue, le temps des bâtisseurs est à l'ébullition, aux idées révolutionnaires, il est à l'envie de changer le cadre de vie comme à l'ambition de faire entrer l'architecture résidentielle dans la modernité. En d'autres termes, c'est le temps d'une vraie bulle faite d'agitations diverses. Mais c'est sans compter sur les réticences des uns et sur une autre bulle, spéculative cette fois, qui allait faire exploser la première! Les clients désargentés par le krach de 1929, les architectes alors privés d'acheteurs ont dû se contenter de dessiner… pour dessiner. «Mais ils ont continué coûte que coûte à créer et à imaginer cette modernité, que pouvaient-ils faire d'autre? plaide Pierre De Grandi, l'un des deux fondateurs de L'Atelier De Grandi. Et ils ont pu le faire avec le temps de pousser la réflexion très loin, soignant le détail.» Tous les détails!

Aux cimaises, les documents originaux le prouvent, l'architecture est avant tout une idée, il fallait convaincre, tempérer la méfiance et faire comme si la vie s'était déjà installée dans cette modernité. Réalisés au fusain, appuyant le caractère linéaire des perspectives mais aussi leur diversité, les avant-projets de la future Villa Kenwin de La Tour-de-Peilz, construite en 1931, frôlent l'œuvre d'art. À l'encre et à l'aquarelle, les plans de coupe et d'élévation d'une villa du bord du lac – restés dans les cartons depuis 1928 – la rendaient pourtant presque réelle, une voiture garée devant son frontispice, des habitants prenant déjà possession des lieux.

Au bas de ces plans célébrant les lignes géométriques comme l'esthétique épurée des espaces de vie, plusieurs signatures: les Vaudois René Bonnard, Jack Cornaz, Jacques Favarger, le Hongrois Alexandre Ferenczy, l'Allemand Hermann Henselmann. Et bien sûr Alberto Sartoris, décédé à Pompaples en 1998 et auteur de la Maison-atelier De Grandi construite à Corseaux en 1939. Des lignes fonctionnelles qui ont tout de la petite victoire pour celui qui, toute sa vie, a rêvé «la maison minimale»! «Sur plus de 800 projets, Sartoris n'en a construit qu'une cinquantaine, relève François De Grandi, l'autre fondateur du musée. On peut y voir le reflet de ces temps difficiles mais aussi celui d'un homme davantage intéressé par la nécessité de pousser toujours plus loin ses idées que par leur concrétisation.»

Sillonnant entre ces multiples signatures, sans oublier Le Corbusier et sa Villa Le Lac (1923), construite quelques mètres plus bas, le parcours est signé par les Archives de la construction moderne et Archizoom de l'EPFL dans une mise en abyme bienvenue: les maquettes et autres propositions dessinées de Sartoris pour emboîter deux volumes différents – l'atelier d'Italo De Grandi et son logement – habitant la solution finale. Où l'importance de l'architecture, à la fois structure portante et pensée structurante, se lit encore dans les œuvres du peintre veveysan (1912-1988) et de son frère Vincent (1916-2010), choisies dans un riche corpus pour éclairer cet amour du bâti qui remonte jusqu'aux idéaux de la Renaissance.

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Corseaux, L'Atelier de Grandi

Jusqu'au 29 nov, du je au di (13h30-18h)www.atelierdegrandi.ch