Record pour les startup de l'EPFL: près de 400 millions levés en 2016

Le nombre de jeunes pousses du campus réussissant leur 1er tour de financement à doubler par rapport à 2014 © 2016 Istock

Le nombre de jeunes pousses du campus réussissant leur 1er tour de financement à doubler par rapport à 2014 © 2016 Istock

Avec près de 400 millions, les start up liées à l’EPFL ont levé cette année plus de 50% de fonds de plus qu’en 2014, date du précédent record. Alors que quelques entreprises déjà bien implantées ont obtenu de grosses levées de fonds, le nombre de jeunes pousses réussissant leur premier tour de financement a également augmenté.

Les start up de l’EPFL ont d’ores et déjà levé 397 millions de francs et les compteurs de l’année 2016 tournent encore. C’est 50% de mieux qu’en 2014 où elles avaient engrangé 242 millions. L’augmentation est particulièrement marquée pour les spin off, ces entreprises fondées autour d’une technologie issue des laboratoires de l’École ou créées par un chercheur du campus. Elles cumulent en effet 261 millions cette année contre 107 en 2014 et 66 l’année passée. Les autres sociétés de l’EPFL Innovation Park totalisent 76 millions (57 en 2014) et l’entrée d’AC Immune au Nasdaq fait grimper le compteur de 60 millions supplémentaires.

Avec 100 millions à elle seule, Mindmaze, spécialisée dans la rééducation grâce à la réalité virtuelle, a obtenu cette année le plus gros montant jamais atteint sur le campus pour une société non cotée en bourse. Les deux autres plus importantes levées de fonds ont été réalisées par AC Immune et NEXThink. La première, qui développe un vaccin contre la maladie d’Alzheimer, a levé 42,7 millions et a fait son entrée au Nasdaq (60 millions). Quant à NEXThink, spin off spécialisée dans la gestion des logiciels d’entreprises, elle a levé 38 millions. Sept autres start up ont encore attiré plus de 10 millions chacune cette année, dont G-Therapeutics, Typesafe et Aleva.

Plus de 100 millions par an depuis 2010

Signe de bonne santé de l’écosystème entrepreneurial de l’EPFL, seize petites entreprises se partagent les 37 millions de francs restant en guise de première ou seconde levée de fonds. Parmi la quinzaine de spin off créée chaque année, plusieurs parviennent à rassembler rapidement quelques investisseurs pour engager les premiers collaborateurs, peaufiner un prototype ou encore débuter une production.

«2017 ne sera peut-être pas aussi généreuse que 2016, tempère Hervé Lebret, responsable du fonds Innogrant d’aide au démarrage pour les entreprises de l’École. Mais globalement, on constate que les fonds, qui plafonnaient à 50 millions par an avant 2010, sont passés à des rentrées régulières de plus de 100 millions depuis. » Cette année record à 397 millions représente d’ailleurs plus d’un tiers de tous les fonds levés par des entreprises du campus depuis la création du parc scientifique en 1993.

Agrandissement de l’Innovation Park, collaborations facilitées avec les laboratoires et nombreuses aides au démarrage – tant du point de vue du financement que du coaching – notamment, ont créé au fil des ans un environnement favorable au développement des start up sur le campus. Aucun classement officiel n’existe en matière de lieux d’intérêt pour les investisseurs, mais quelques indicateurs placent le campus et la région en bonne position. Ainsi, une étude d’Atomico – fonds international d'investissement dans les technologies basé à Londres –, « The State of the European Tech » – mentionne Lausanne quatre fois : l’EPFL, la qualité de vie, Faceshift (une spin off rachetée par Apple) et Mindmaze.

La forte hausse du capital-risque un peu partout en Europe depuis trois ans semble également atteindre les entreprises du campus. La moitié des start up financées ont trouvé une part de leurs fonds en Suisse, un quart en Europe et le reste seulement sont allées chercher plus loin, entre les USA et l’Asie.

L’ « effet aimant » d’un très gros acteur international

Aucun domaine ne semble particulièrement prisé ou mis à l’écart par les investisseurs sur le campus. Boostées par les 100 millions de Mindmaze, les biotechnologies (121,05 millions) tiennent le haut du pavé dans le classement par domaine, devant l’informatique (62,4 millions) et le Medtech (49,7 millions). Sans surprise puisque c’est également dans ces branches que le nombre de start up est le plus élevé. «L’avantage de l’EPFL pour le futur est d’être bien diversifiée », souligne Hervé Lebret.

Ce qu’il manque à la région pour rivaliser encore davantage avec les grandes métropoles en matière de start up ? «L’implantation d’un très gros acteur international afin de créer un « effet aimant », souligne Hervé Lebret . Les ingénieurs ou scientifiques de haut niveau y sont employés, restent dans la région et en ressortent parfois quelques années plus tard pour créer leur start up. D’autre part, ce genre d’arrivée attire l’attention sur la région pour les investisseurs et contribue à limiter le risque de délocalisation des start up lorsqu’elles augmentent leur capital. » À noter cependant qu’aucune des spin-off financées n’a définitivement quitté la région, même si certaines ont ouvert des centres également hors du pays.