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Santé

Une molécule anti-vieillissement de la grenade testée chez l'homme avec succès

Des chercheurs ont testé chez l'homme l'urolithine A, un composé de la grenade qui pourrait avoir des effets anti-vieillissement. Les premiers résultats sont prometteurs.

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Grenades fraîches, en Andalousie.

Grenades, Andalousie

© Robert B. Fishman / DPA

Les chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont-ils fait une découverte musclée ? Leurs travaux, publiés en 2016 dans la revue Nature Medicine montrait un mécanisme inédit d'une molécule contenue dans la grenade qui, une fois transformée par les bactéries intestinales, devient capable de lutter contre certains effets du vieillissement. Le premier essai chez l'homme, mis en place par la start-up Amazentis, s'est révélé concluant et ses résultats seront présentés le vendredi 28 avril 2017 à Barcelone, lors de la Conférence internationale sur la recherche consacrée à la fragilité et la sarcopénie (ICFSR).

L'urolithine A, testée chez des personnes âgées

Concrètement, des composés appelés "tanins ellagiques" et contenus dans la baie sont transformés (après ingestion) par les bactéries de l'intestin en urolithine A. Une molécule capable de restaurer le bon nettoyage des mitochondries, processus appelé "mitophagie" qui s'altère avec le vieillissement entraînant de la faiblesse musculaire, de la diminution de la masse musculaire ou encore des maladies métaboliques liées à l'âge. Pour rappel, les mitochondries sont les générateurs d'énergie dont sont remplies nos cellules. Testée chez le ver C. elegans, modèle d'étude plébiscité dans la recherche sur le vieillissement (à 8 jours, il est déjà un ancêtre), l'urolithine A avait permis de prolonger sa durée de vie de 45 %. Puis, chez les rongeurs, souris et rats, elle avait entraîné une endurance à la course de 42 % plus élevée. "Le fait que cela marche chez deux espèces aussi éloignées l'une de l'autre nous laisse espérer que cela fonctionne chez l'homme, ce qui est le but final de nos recherches", expliquait alors à Sciences et Avenir Johan Aumerx, co-auteur de l'étude et professeur à l'EPFL. C'est désormais chose (presque) faite. La société Amazentis a dévoilé les résultats de ses premiers essais cliniques réalisés en France chez 60 sujets âgés en bonne santé. Il ne s'agit pour le moment que d'une première phase destinée à vérifier la tolérance de la molécule, déterminer sa biodisponibilité (quantité absorbée en fonction de la dose administrée) et son effet.

"L'administration orale d'urolithine A a augmenté l'expression de gènes mitochondriaux dans le tissu musculaire humain après un traitement de 4 semaines"

L'étude randomisée en double aveugle a consisté dans un premier temps à administrer la molécule, à des doses de plus en plus élevées (de 250 à 2000mg). Ensuite, les volontaires ont reçu un traitement (avec des doses de 250 mg à 1000 mg) durant 4 semaines et les chercheurs ont évalué leur impact sur des marqueurs spécifiques. Résultat, aucun effet indésirable n'a été enregistré dans l'expérience et l'urolithine A augmentait significativement les marqueurs de l'activité mitochondriale et de la fonction musculaire. Les deux étant très imbriqués puisque, selon Amazentis, il existe un lien fort entre la faible mobilité des personnes âgées et le déclin de la fonction mitochondriale dans le muscle squelettique. Des résultats qui devraient être prochainement publiés dans The Journal of Frailty & Aging. "C'est réjouissant de voir que l'administration orale d'urolithine A a augmenté l'expression de gènes mitochondriaux dans le tissu musculaire humain après un traitement de 4 semaines", a commenté Johan Aumerx. Reste à creuser les mécanismes physiologiques en cause et à prouver ces résultats sur davantage de patients lors des prochaines phases d'essais cliniques.

Ne pas dégoupiller la grenade immédiatement

Mais ne vous réjouissez pas trop vite en vous ruant sur le fruit. En effet, d'après une étude, tout le monde ne possède pas les bactéries capables de transformer les tanins ellagiques en urolithine A. Amazentis développe donc des extraits d'urolithine A à administrer directement pour parer à cela. En outre, en imaginant que vos bactéries intestinales soient capables de synthétiser de l'urolithine A, sachez que les tanins ellagiques sont présents dans la partie jaune du fruit, le péricarpe. Exit donc les graines séchées qui n'en contiennent pas (ou très peu). Dans les jus, la teneur en tanins ellagiques dépend du type de grenade, de la partie utilisée... Pour avoir une idée de leur présence dans l'extrait du fruit que vous pouvez consommer, mieux vaut se fier au goût astringent dont ils sont responsables.

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